Pierre Leulliette rencontre un ancien officier para vingt ans après le baroud. Vingt ans après : peut-on survivre si l'on est devenu inapte au bonheur ?

 

- C'est rigolo la vie d'un homme... Il sourit. Doucement... Tu vois, reprend-il, j'ai une vie assez humble maintenant.

Monsieur B. tend vers moi son visage boxé par le temps. Il a honte de ne pas avoir pu échapper au processus du vieillissement.

Quand je l'ai rencontré boulevard Saint-Michel, je ne l'ai même pas reconnu. Le lieutenant B., c'était autre chose. Autre chose qui se prenait pour quelqu'un. Soit ! Mais tout de même ! Lui, en tout cas, m'avait bien vu.

- Leulliette ! hurlait-il alors que je radinais le long des trottoirs. Leulliette !

Assis dans son living de l'avenue du Maine, je ne sais que penser. Dernier témoin, sans doute, de son passé un peu décomposé, je devrais le gêner. Pourquoi a-t-il tant voulu me voir ?

Dans sa cuisine, Madame B. fait tinter des verres. Les cocktails servis, elle nous laisse seuls.

- Ainsi on s'est rangé des voitures ? Une bonne situation, un appartement à Paris, une femme charmante, dis-moi, que te manque-t-il désormais ?

- Tout.

- Pardon ? Ce n'est quand même pas l'armée qui...

L'armée ! Un mot malheureux ! J'ai déclenché dans le second subconscient de Monsieur B. une avalanche.

- L'armée ? Il crache presque le mot. L'armée, elle m'a bien eu. Elle m'a bien eu parce que je l'aimais bien. Pour elle, je me suis exalté comme un imbécile. Si je ne m'étais pas engagé à 18 ans, je ne serais pas là.

- Là ? Mais beaucoup t'envieraient !

- Bien sûr. Parce que je suis devenu un singe très respectable ! J'ai même de l'argent, figure-toi mais...

- Mais quoi ?

- L'aventure, Leulliette ! L'aventure !

- Mais tu en as eu ta part, non ? Et puis, on ne peut pas exister qu'en s'amusant ! À ton âge...

Il me fixe, médusé. Nous avons trop vécu, pendant trois ans, des Aurès aux Nementchas, d'Égypte en Kabylie, de Biskra à Tindouf..., dans la seule camaraderie de l'air, du vent, de la terre, pour qu'il n'en reste rien. J'ai blasphémé.

- Tu ne te rappelles donc rien  ?

- Je me souviens de tout, au contraire. Mais le temps...

- Le temps ! Ne m'en parle pas. Je déteste ça. Ici - d'un ample geste, il désigne le living - le temps ne fait que passer. Il n'a que ça à faire. Le temps passe et rien ne se passe, si tu vois ce que je veux dire. À chaque instant, il ne se passe rien, quoi ! Ça me tue. J'ai l'impression que ma vie s'est arrêtée le soir où pour la dernière fois, j'ai ôté ma tenue camouflée pour... cet uniforme de croque-mort.

Il abaisse sur son costume gris un regard dangereux, de répulsion et presque de haine.

- Le gris, c'est désormais le symbole de ma vie. Et son drame. Tout est gris en moi, autour de moi.

Je suis surpris. Il doit avoir dans les 40 ans. Ça ne s'est donc pas encore "tassé" chez lui ?

Vingt ans plus tôt, c'est vrai, B., c'était l'officier modèle, - modèle jusqu'à la caricature. Pour arriver à faire sourire jusqu'à ce monde si à part des Parachutistes qui était le nôtre, fallait-il qu'il en rajoutât ! Si j'ai bonne mémoire, ses exigences envers lui-même étaient alors illimitées. Il se tenait en main, se contraignait jusqu'à l'absurde.

Réapparition de Madame B. Une jolie bouche rose et blanche effleure la nuque rasée du demi-solde.

- Alors François, ça va ?

Il lève sur elle un regard étrange. Je sens en moi quelque chose qui rit doucement.

- Tu vois, reprend-il, sitôt qu'elle s'éloigne de nouveau, je n'ai pas eu le courage d'être seul. On est si seul tout seul !

- Mais elle t'aime beaucoup. Non ?

- Oui. Bien sûr. Enfin, peut-être. Parce qu'elle ne sait pas encore que je suis mort. Et quoi d'étonnant ? Moi-même, j'ai longtemps cru que j'étais vivant. Mais elle a aussi 20 ans de moins que moi. Tu comprends ?

- Je comprends quoi ?

- La vieillesse, mon pauvre vieux ! La vieillesse qui rôde.

- Déjà ?

- Parfaitement. Il y a 20 ans, je me disais : quand je serai jeune ... Mais je n'ai pas eu le temps d'être jeune. Et maintenant...

- Maintenant, tu commences ta vie, je suppose ?

- Trop tard ! La vieillesse, te dis-je, va me tomber dessus. Je la sens. Et j'abhorre la vieillesse, moi. C'est triste. C'est moche. C'est "con". Vieillir ! Il faudrait s'inventer toute une autre vie. Impossible !

- Et pourquoi pas ?

Il devient pénible. Je l'ai connu plus courageux. L'ennemi était alors, c'est vrai, moins insaisissable.

- Bigeard..., lui dis-je pour faire diversion. Le voilà Secrétaire d'État, lui.

- Ce type ! Tu t'en souviens donc, toi aussi ? Le chant de marche du 3ème RPC. Il fredonne : "Para Bigeard... Il faut souffrir... Savoir mourir... Sur le chemin de la Victoire..." Fallait-il qu'on soit mordus !... Ou toqués ! Enfin, je ne regrette rien. C'était tout de même le bon temps.

- Pas pour tout le monde !

- On en bavait, d'accord... Comme des escargots ! Sourire. C'était marche ou crève. Maintenant on ne peut plus marcher. Alors ? Crever ?

- Hum... Au fait, il y a quelques années, je crois avoir vu ton nom dans les journaux. À propos d'une curieuse affaire. Tu aurais repris du service y disait-on... du service parallèle.

- Oui. Enfin... C'est-à-dire... C'est vieux tout ça, c'est vieux ! Effectivement, il y a eu l'OAS. Et pour finir, il m'a bien fallu attendre l'amnistie en Espagne.

- Ah ? Bon. Mais alors, dis-moi, là-bas, tu devais te morfondre ? En exil, en somme ?

- Et comment ! Le fait est que je ne tenais pas en place. J'étais bourré d'électricité.

- Qu'as-tu fait ensuite ?

- Après ? Mais ça été la filière classique des soldats perdus, comme on disait à l'époque, pas perdus pour tout le monde, remarque : Katanga, Biafra, Yémen...

- Rien que ça !

- Pourquoi pas ? Je ne pouvais pas rester en France, de toute façon. N'eût-ce été que du fait que j'étais comme leur de Gaulle : j'aimais la France, à ma manière, mais je n'aimais pas les Français. Par ailleurs, je ne trouvais pas de travail. On ne lève pas le petit doigt dans ce pays pour les gladiateurs vaincus.

- Pourtant tu ne t'en es pas trop mal tiré, finalement. Te voilà casé.

- Des situations, à vrai dire, je finissais bien par en trouver de temps en temps. Même à l'époque. L'ennui est qu'il y avait toujours leur sacré curriculum vitae à montrer. Ils fouillaient dans mon passé comme dans une poubelle, ces tristes salauds. Et moi, si on touche à mes souvenirs, je deviens dangereux.

- Tu n'as pas changé.

- Hélas, si ! Figure-toi qu'aujourd'hui, je travaille dans un bureau. Inimaginable ! Je suis cadre. Tu vois le genre ? Sais-tu le temps que passe un homme prétendu "normal" dans son bureau ? Soixante-douze mille heures ! Dans ces conditions, quoi de plus anormal qu'une vie normale ? De toute façon, je ne veux pas être raisonnable, moi. Je veux tout faire sauter.

Il élève la voix. Madame B. passe la tête, un sourire indéfinissable aux lèvres.

- Tout faire sauter ? Vaste programme ! Allons. Il faut bien vivre - ou mourir, comme tu voudras - avec son temps.

- Tu as donc bien changé, toi aussi ?

- Oui, peut-être, mais pour rester le même...

- Comprends pas. C'est à se demander si tu n'as pas plutôt tout oublié ! Bon Dieu, on vivait hors le monde, c'est vrai. Mais on n'y perdait rien ! Je me souviens encore de tout, moi. Silence... On ne sortait que la nuit. On dormait comme des chiens à même le sol, mais libres. D'accord, le matin quand on se remettait dans ses vêtements mouillés, c'était comme si on recevait des chocs électriques mais, au moins, on se sentait vivre, même quand on voyait rire la mort. Et l'été 1957 dans la presqu'île de Collo  ! Tu te souviens ? Les Commandos, quand tout ce qui bougeait dans la forêt ou nageait dans les rivières, pouvait servir de nourriture ! On était jalousés par toute l'armée d'Algérie !

- Peut-être. Mais, en France, ils ne nous portaient pas tous dans leur cœur.

- On s'en foutait bien !

Affalé dans son fauteuil, l'ex-lieutenant B. paraît fatigué. Tous ses gestes, en fait, prouvent qu'il n'est pas seulement fatigué mais qu'il s'ennuie et qu'il s'ennuie jusqu'au désespoir. Comment n'aurait-il pas l'air de venir d'un autre monde ?

- À propos. Tu as entendu parler d'un certain Onoda, un lieutenant de l'armée impériale du Japon qui serait resté 29 ans caché dans la jungle parce qu'il ne voulait pas se rendre ? Ça m'a renversé une pareille histoire. Des forêts comme la sienne, il devrait en exister à l'intérieur de toutes les capitales  !

- Elles existent peut-être...

Madame B. apporte quelques gâteaux. Changement de conversation. J'essaie d'évaluer du regard ce qu'il peut y avoir entre ces deux êtres. Et revenant sur ma première impression, je me risque à conclure : il n'y a rien. S'il aime sa femme, c'est sans tendresse. Quant à elle ? Ils sont si différents, l'un de l'autre, que rien sur terre, semble-t-il, ne pourra leur faire éprouver une mutuelle sympathie. Trop de choses en Monsieur B. sont mortes et mal enterrées. Ils n'ont que leur présence à s'offrir l'un à l'autre. Ce n'est pas assez. J'imagine, à ses gestes, que cette femme a la passion des choses douces, alors que son mari n'a toujours que celle des choses violentes et qu'au fond de lui brûle toujours, mal éteinte, une fièvre fabuleuse, et qu'il n'aura jamais fini de se comparer aux plus grands vaincus de la vie.

Sous le prétexte d'une fenêtre qui bat, la jeune femme s'éloigne de nouveau. Monsieur B. me jette un regard complice.

- Tu vois. J'ai toujours mal pris mon temps. Il rit. Juste avant de me marier avec cette personne, j'ai encore eu un sursaut, pourtant. Quand Malraux a annoncé son intention de se mettre à la tête d'un groupe de volontaires pour le Bangladesh, je lui ai écrit immédiatement. Et j'ai été retenu aussitôt. Il y avait trois mille candidats.

En Algérie, déjà, B. qui ne se résignait jamais à n'être que lui-même, était toujours volontaire pour tout. Je le lui rappelle.

- Ce qui me désole le plus désormais, c'est que pour la première fois de ma vie, je suis sans projets, ajoute-t-il.

- Fonder un foyer, ce n'est pas un projet ?

- Parfois, reprend-il, feignant de ne pas m'avoir entendu, je suis en colère et je ne sais même pas pourquoi. Curieux, non ?

- Pas tant que cela ! Mais pourquoi alors que la vie t'offre enfin des haltes, des reposoirs, n'en profites-tu pas ?

- Je m'ennuie, me confie-t-il avec amertume. Je m'ennuie. Je m'ennuie à beugler ! Tu comprends ça, toi ? Là-bas, on a souvent et cruellement souffert mais au moins on ne s'ennuyait pas.

Visiblement pris de la maladie de se souvenir, Monsieur B. n'a donc pas amorti le choc du passé. Comment le convaincre de tourner la page ?

- Tu te fourvoies, mon pauvre ami. La vraie vie est là, que tu ne vois pas. C'est ta femme, ta maison, ton…

- La vraie vie ! Il ricane comme une hyène.

- Tu n'y es pas. Comprends-moi bien. Je continue sur ma lancée mais le ressort est bloqué. Je ne pourrai plus jamais me détendre. J'ai mené une enquête silencieuse sur mon propre cas. - Conclusion ?

- Conclusion, j'ai compris que toutes mes actions avaient débouché sur le vide. J'ai couru toute ma vie sans savoir où. C'est un rat fini qui te parle. Et maintenant je ne crois plus en rien ni en aucune cause. Je me sens brisé comme une chose bonne à jeter aux ordures.

- Que dis-tu là  ?

- Je n'ai plus de repos dans ma tête. Je ne puis rester nulle part. Je ne puis oublier. Je ne puis dormir. Je me sens toujours aussi mal à l'aise dans mes vêtements civils. J'étouffe dans les rues des villes où dorment les bêtes et les gens. Au bureau, l'impression d'être au milieu d'une colonie de cloportes m'accable. Mes chers collègues, de leur côté, doivent me prendre pour un drôle de type et peut-être même pour un salaud. Mais moi, je les méprise presque tous.

- Il faut dire que tu n'as jamais été humble... .

- J'ai tout de même mes raisons. Sais-tu que rien qu'en Algérie, trente mille de nos camarades sont morts ? Comme toi, à un poil près, j'ai sauvé ma vie mais toute la magie en a sombré en même temps. Le pire est que je reste incapable de comprendre ce qui se passe en moi. Tout de même malheureux, à 40 ans, d'avoir le rêve derrière soi !

Jadis, comme la plupart de nos camarades, il ne fumait pas, ne buvait jamais. Je remarque qu'il en est à son troisième verre. Un signe.

- Dis-moi, Leulliette ? Pourquoi la vie est-elle ainsi faite ? Pourquoi ce malaise, cette nostalgie perpétuelle ?

- Peut-être a-t-on vécu hors de propos ?

- Que veux-tu dire ?

- Peut-être a-t-on trop prolongé notre interminable enfance. Quand il ne tue pas, disait Céline, le militaire est un enfant... un enfant perdu si on n'y prend garde.

- De toute façon, il n'y a pas de grandes personnes, me répond-il, du tac au tac... Allons ! Pas besoin de remuer le fer dans la plaie.

Madame B. vient se rasseoir près de son curieux époux. Si excédée que je la pressens par toutes ces histoires du passé, gentiment, pour m'honorer, elle met sur l'électrophone la "Marche des Commandos".

L'esprit tourmenté de Monsieur B. se calme. Mais il m'est évident qu'il n'y a rien à faire. Il sera toujours différent des autres hommes. Il aura beau mettre sa plus belle cravate et dire "Oui, Monsieur", "Bonjour Madame", et filer doux, tout doux, il n'appartiendra jamais plus au monde.

Il passe son bras autour des belles épaules douces.

Madame B. repartie, il m'explique, désolé.

- Faut que je fasse l'hypocrite !

Cette remarque me met dans une grande colère. L'imbécile ! L'horrible imbécile ! Ne sait-il plus ni comment prodiguer de l'affection ni comment en recevoir ? Depuis le temps qu'il marche la tête en bas ! Il est visible que, même chez lui, il est aussi embarrassé qu'un moineau égaré dans une chambre.

- Écoute, lui dis-je. Pourquoi vis-tu encore sur de vieux schémas ? Oublie donc tout. Enfin, presque tout. Et...

- Pourtant, m'interrompit-il, pensant encore à sa femme, quand je la vois, je m'attendris comme une bête. Seulement voilà ! Alors qu'elle me manque quand elle n'est pas là, elle me manque encore quand elle est là. Je veux dire qu'il me manque toujours quelque chose. Tu vois ?

- Je vois.

L'après-midi s'allonge. Monsieur B. en oublie le temps - ce temps qu'il dit être son plus grand ennemi. Sans doute n'en a-t-il jamais tant dit à quelqu'un. Mais qu'il parle ! Qu'il se vide !

- Je me suis cherché. Je ne me suis pas trouvé. Maintenant, je sais ce que j'ai toujours soupçonné. Je me doutais bien que tôt ou tard, je découvrirais que la vie qu'on menait là-bas était dépourvue de sens et de signification... presque autant que celle d'aujourd'hui.

Que répondre ?

- Regarde...

D'un tiroir, il sort une boîte de carton. Une, deux, trois... sept décorations y enchevêtrent leurs rubans neufs.

- ... Je ne les porte plus. Forcément ! Ça me faisait du tort. Il y a trop de marchands de chaussettes qui ont leur légion d'honneur à Paris. Tu parles de Chevaliers ! Des types qui n'ont jamais eu ni cheval, ni honneur...

- ... Bien qu'ils soient légions !

Nous éclatons de rire, tristement.

Dans le soir qui tombe, je fouille du regard le visage déçu de l'ex-commando. Bon. Il a tout sacrifié au plaisir de ne pas vivre banalement. Et maintenant que la fête est finie, qu'en reste-t-il ? Il est devenu une apparence, avec les mêmes yeux, les mêmes cheveux - moins ceux qu'il a perdus, certes - mais à l'intérieur, c'est strictement comme à l'intérieur d'une poupée. Il meurt d'être déjà mort, dépassé.        

- J'étais quelqu'un. Je suis personne.

Le côté un peu baroque de ses propos devrait me faire sourire. Mais il y a dans ses yeux une tristesse obsédante et profonde que je ne connais que trop bien. Je suis de plus en plus embarrassé. Je croyais n'être venu que prendre un verre. C'est une confession. Madame B. continue à aller et venir, furtive.

Une question en entraîne une autre. Comment ce mariage de la carpe et du lapin a-t-il pu se faire ? Cette femme possède le mystérieux pouvoir d'émouvoir les autres - ça crève les yeux. N'en a-t-il pas fallu plus ? Comment peut-elle supporter ce type où désormais tout est discord et qui visiblement est inapte à vivre ? Pourquoi s'extermine-t-elle à l'aimer, si elle l'aime ?

Un dernier apéritif... Je laisse passer un ange, deux anges, trois anges ...

- Et quels sont tes projets ?

- Mes projets  ?...

Monsieur B. se penche de nouveau vers moi, si près que je remarque encore cette fois la tristesse bestiale qui noie ses yeux creux. Et je me dis : ai-je jamais rencontré d'homme plus seul ? - ... Mes projets, reprend-il rêveusement. Ils sont très simples : je vais m'en aller.

- T'en aller ?

- Oui. Chut. Écoute. Où que je sois, il faut que je m'en aille. Et je n'en peux plus.

- Mais t'en aller où ? Et... elle ?

- N'importe où. Mon chemin est partout. Quant à elle, partir, c'est le meilleur service que je puisse lui rendre, non ?

Je me tais.

Qu'il parte en effet. Et puisqu'il n'est pas homme à se suicider, qu'il se laisse tomber lentement dans le vide. Il reste logique, au moins avec lui-même. Il a toujours eu le goût de l'absolu sans en avoir la capacité.

- Si vous voulez passer à table, nous dit Madame B., de sa voix petite, douce comme du lait. 

 

© Pierre Leulliette, in Revue Esprit n° 461, octobre 1976.

 

 


 

 

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