C'est
en 1873 qu'Eugène Schneider, le grand maître de forges du Creusot,
décide de diversifier ses approvisionnements en minerai de fer suite
à de la perte d'un certain nombre de ses mines lors de la défaite
de 1871. Il achète le site minier alpin de Saint Georges d'Hurtières
en Maurienne. Puis Saint-Pierre d'Allevard fait à son tour l'objet
d'un contrat de vente de concessions minières.
Au pays d'Allevard, c'est la société Charriére, exploitant le site
de La Taillat, riche en minerai spathique, qui signe, en novembre
1873, une convention avec Schneider. Dès lors, ce site, réparti
entre 1100 et 1350 mètres d'altitude, passe, en cinq ans, d'une
production de 14 000 à 65 000 tonnes , dont 55 000 sont dirigées
sur Le Creusot.
A son tour, Henri Schneider développe l'installation où travaillent,
en 1885, plus de 400 mineurs, répartis en brigades de quatre sur
trois sites: Saint-Henri, Sainte-Madeleine et Croix-Reculet et logés
dans la cité d'altitude de Vaugraine. Le minerai extrait est transporté
par wagonnet. Chaque wagonnet, d'environ 500 kg, est placé sur un
"truck" engagé sur une série de trois plans inclinés bisauto-moteurs.
Les "trucks" descendant dans la vallée à Champ-Sappey,
à raison d'un chargement toutes les trente secondes. Sur place,
le minerai est trié en cinq catégories, débourbé, lessivé, puis
grillé dans cinq grands fours de douze mètres de haut.
Cette opération, nécessaire également à St-Georges d'Hurtières,
vise à épurer le minerai brut en le débarrassant du soufre, du cuivre
et gaz carbonique. Une fois grillé, le minerai est expédié par chemin
de fer à voie étroite jusqu'à un second plan incliné qui permet
d'accéder dans la vallée du Grésivaudan à la gare du Cheylas.
Du fait de la généralisation des procédés "Martin et Thomas"
par convertisseurs, l'exploitation des mines de la Taillat sera
abandonnée par la société Schneider en 1899.
|